Faire mûrir sa créativité : le cas Ben Taverniti - Fashion Network
Le pouvoir de l’intuition
“Mon processus créatif commence littéralement par des exercices d'intuition”, détaille le créateur brésilien. “Paula et moi croyons fermement au pouvoir de l'intuition; beaucoup pensent que c'est quelque chose de mystique, mais c'est purement physiologique. Ce processus nous aide à trouver des pistes pour aborder le thème, généralement influencé par notre culture locale.” Cette volonté de puiser profondément en soi caractérise les collections de la marque P Andrade. Le designer poursuit: “Une fois le thème trouvé, nous entamons la deuxième partie de notre processus créatif: créer de grands moodboards du thème, puis le réduire à son essence. Au final, tout est une question d'intuition, de méthode et de répétition.”

L’intuition est quelque chose que Ben Taverniti connaît bien, lui aussi. Le 2 juillet, le créateur de mode français présentait sa nouvelle marque, baptisée NVL-Garde, dans les locaux du showroom Maison Pyramide. Du haut de ses 45 ans, il parle de mode avec une passion débordante, installé dans un canapé. Fils de designer, il découvre les studios de son père à partir de ses 5 ans. Quelques années plus tard, à 12 ans, il est catégorique sur ce qu’il veut faire: créer des vêtements.
Dans les pas de l’anti-fashion
D’un long stage aux côtés du designer américain Jeremy Scott à une collection de fin d’études (à Esmod) boudée, Ben Taverniti est largement influencé par le travail de Martin Margiela, de Rick Owens et de Helmut Lang. “C'est quelque chose qui m'a toujours énormément inspiré, ce côté un peu anti-fashion, les volumes, des choses un peu plus noires… mais pas dans le sens 'dark'. J’ai voulu continuer sur ce chemin. Et quand on voit que plus de vingt-cinq ans plus tard, les influences reviennent...”, sourit-il.

Ben Taverniti débute le consulting, déjà riche d’une existence passée dans le tourbillon de la mode; il évoque les magasins L'Éclaireur et Maria Luisa à Paris. “C'était extraordinaire, et c'est quelque chose que j'ai toujours en moi”, assure-t-il. En 2005, il rejoint Los Angeles. “Je suis rentré en tant que directeur créatif pour une marque de jeans [Hudson Jeans, ndlr] en 2006, et cette marque a explosé.”
Dans un cadre jusqu’alors inconnu pour lui, il apprend le merchandising, le développement des collections, les coûts et la production. Il lance ensuite Unravel Project, en 2015, label racheté par New Guards Group l’année suivante. Il y reste jusqu’en 2020, lorsque Farfetch rachète le groupe. C’est là que la marque s’arrête.
“Je ne veux pas changer”
Entre 2015 et 2020, le designer transite constamment entre Milan et Los Angeles, toutes les deux semaines. Lorsque le Covid suspend le monde, il en profite pour travailler sans relâche, tout en recentrant sa créativité sans la pression du marché. “C'était vraiment designer pour le plaisir de designer. Je pense que si on regarde, je peux tirer dix collections de ce que j'ai fait en deux ans.” Une première collection sort en 2024 sous le nom du label Bureau de Stil, qui jette les bases NVL-Garde, marque qu’il fonde en mars 2025.
Les deux collections qu’il présente ce 2 juillet (collection homme et pré-collection femme) sont “le résultat de tout ce que j'ai fait ces cinq dernières années, et même avant”, résume le créateur. En une semaine, plus de cent clients lui ont rendu visite. Ben Taverniti explique: “On a eu des résultats incroyables de la part de 80% d’entre eux, et les 20% restants, ce n’est simplement pas pour eux”. H. Lorenzo à Los Angeles, Forum en Russie, Nubian au Japon… On a des points stratégiques dans chaque ville, dans beaucoup de pays.”

Cofondé avec son partenaire de toujours Peter Kim (à l’origine de Hudson Jeans, dont Ben Taverniti a participé à la renommée, et à la cofondation de D-R-G-N, où le designer français a récemment été nommé directeur créatif), NVL-Garde propose des survêtements en doubles couches de viscose et d'organza, des imprimés intérieurs, des dos nus, des chaussures au talon cassé et des blousons transformés en robes. La clé du succès, selon lui: des pièces fidèles au style qui l’ont fait connaître au temps de Unravel, teintées de maturité. “Quand j'ai commencé Unravel, j'avais 33 ans, et j'en ai 45 aujourd'hui. Je ne veux pas changer, je m'habille toujours pareil. Mais j'ai grandi, j'ai plus de maturité dans ma façon de penser, de travailler, d'approcher les collections, et moi-même”, fait remarquer le designer.
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