Interview "Les artistes de la nuit me demandaient où j'avais choppé ce que je portais" : rencontre avec Miss Boo, couturière des drag queens
Interview "Les artistes de la nuit me demandaient où j'avais choppé ce que je portais" : rencontre avec Miss Boo, couturière des drag queensMiss Boo, la couturière des drag queens, qui participe à l'exposition "L'Art du drag. Trois regards mode" à l'école parisienne Esmod, le 6 février 2025. (CORINNE JEAMMET / FRANCEINFO CULTURE)
L'école Esmod Paris présente "L'Art du drag. Trois regards mode". L'exposition met en lumière cet univers festif au travers de la vision de trois anciens élèves.
L'école Esmod Paris présente L'Art du drag. Trois regards mode, jusqu'au 27 février : l'exposition met en lumière trois personnalités de l'univers festif du drag qui célèbrent la diversité, l'audace et l'expression de soi à travers la mode.
L'École supérieure des arts et métiers de la mode fait converser Miss Boo (Nouvelle fenêtre) , Kitty Space (Nouvelle fenêtre) et drapeau blanc (Nouvelle fenêtre). Ces trois anciens élèves couturier, styliste ou drag définissent l'expression artistique du drag au-delà de la performance et incarnent un dialogue sur le genre, l'identité et la société tout en apportant de la couleur à la vie. À découvrir une silhouette emblématique pour chacun toutes trois vues lors des différentes saisons du concours "Drag Race" mais aussi des accessoires et des photographies.
"C'est une exposition qui souhaite soutenir ou révéler l'art du drag, pas uniquement en tant que phénomène, mais bien en tant que savoir-faire multiple (du couturier, du perruquier, du brodeur, du maquilleur...) à travers trois personnalités qui se complètent. Bien que différentes, elles ont en commun cette volonté de travailler autour d'une passion, chronophage et coûteuse. Elles partagent cette volonté de croire en leur rêve et chacune à leur manière a réussi, peut-être pas à en vivre au sens pécuniaire, mais à se faire connaître", explique Sylvie Marot, directrice du pôle art culture héritage Esmod, le 6 février, dans le hall de l'école où se tient l'exposition.
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Rencontre avec Miss Boo, la couturière des drag queens, qui a déjà créé plus d'une quinzaine de tenues pour le concours Drag Race France. Elle nous dévoile son parcours et explique comment l'univers du drag enrichit sa vie de manière positive.
Franceinfo culture : Pourquoi ce surnom de Miss Boo ?
Miss Boo : Boo, ce sont les trois premières lettres de mon nom de famille qui est un peu compliqué à lire et à écrire. Depuis que je suis petite, on m'a toujours appelée Boo-Boo et donc, sur les réseaux, j'ai opté pour Miss Boo.
De quand date votre passion pour la mode ?
Depuis toute petite, j'étais attirée par le vêtement. Ma première passion, c'est la Barbie super lookée avec toutes ses garde-robes pour ses différents métiers. Mais c'est en voyant l'actrice Marilyn Monroe, que je me suis dit : elle est trop belle, je veux être ainsi ! J'ai toujours éprouvé un attrait pour les esthétiques ultra-sophistiquées, cette féminité exacerbée avec ce pouvoir d'être la plus belle et la plus forte grâce aux vêtements.
Au fil de mon éducation stylistique viendront aussi le Hollywood des années 1940/1950, les pin-up, auxquelles s'ajouteront l'univers des "cocottes" et des corsets du début du XXe siècle, découverts lors de ma scolarité à Esmod.
Après un Bac pro métiers de la mode à Cholet, vous intégrez Esmod avec une spécialisation en prêt-à-porter masculin. Pourquoi ce choix ?
Je buvais les paroles d'une de mes professeurs qui m'a vraiment appris un métier, car elle avait la passion dans le regard et dans le geste. Elle m'a conseillé d'aller en spécialisation homme plutôt qu'en haute couture. Elle donnait aussi les cours en classe de perfectionnement, je l'ai suivie : cela m'a appris toute la base du corps qui me sert encore aujourd'hui.
Exposition "L'Art du drag. Trois regards mode", à Esmod, Paris. .(ESMOD)
Comment s'est faite la rencontre avec l'univers des drag queens et le cabaret burlesque ?
Ma rencontre avec l'univers des drag queens remonte à mon arrivée à Paris. Pendant mes études, j'ai été assez sage et assez studieuse. Une fois mon diplôme en poche, en 2016, en sortant d'Esmod, j'ai rencontré la créatrice turque Yazbukye qui faisait des accessoires en plexiglas : j'ai été son assistante. C'est à cette époque que j'ai commencé à beaucoup sortir le soir et pour mes nuits parisiennes, j'ai commencé à me costumer et à m'habiller.
J'ai rencontré les Queens parisiennes, dans les cabarets et les boîtes de nuit : La Madame Klaude, l'Alcazar, Madame Arthur.
Les artistes de la nuit me demandaient où j'avais choppé ce que je portais. Dès que j'expliquais que je l'avais fabriqué, ils voulaient, eux aussi, mes vêtements. Tout de suite après, je me suis mise à mon compte et j'ai réalisé leurs commandes.
Le concours Drag Race vous a mise en avant avec votre tenue XXL, de 4 mètres de long, portée par Cookie ?
Mes tenues pour Kam Hugh m'ont beaucoup mise en avant ainsi que les looks de Paloma , lors de la saison 1. De même, ensuite, que Nicky Doll (Nouvelle fenêtre)et Cookie, à la saison 2, et Misty Phoenix, Lula et Ruby, pour la saison 3. Les Queens qui me mettent le plus en avant sont Kam Hugh et La Grande Dame.

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