L'Edito du weekend - Moins de cour, plus de courage : l’après Anna Wintour commence...

LE RDV DES DÉCIDEURS DU LUXE

Après 37 ans à la tête de Vogue US, Anna Wintour quitte son poste de rédactrice en chef, tout en conservant ses fonctions de Global Chief Content Officer chez Condé Nast et de directrice éditoriale mondiale de Vogue.

 La presse internationale salue unanimement la fin d’une ère iconique. Mais au-delà de l’émotion, ce départ peut aussi être l’occasion d’un questionnement salutaire pour le luxe, dont le récit médiatique mérite d’être renouvelé.

1. Une presse mode trop proche, un luxe sous cloche

Le lien étroit entre la presse et les maisons a souvent empêché toute remise en question réelle. L’équilibre économique publicité oblige a favorisé un climat d’autocensure où la critique constructive avait peu de place. Résultat : une déconnexion croissante entre la réalité des marques et les attentes d’un public de plus en plus exigeant.

2. Un appel d’air pour un discours plus critique et pluriel

L’essor des tribunes sur LinkedIn ou des newsletters sur Substack le prouve : il existe un besoin de pluralité de points de vue, d’analyses plus profondes, et d’un dialogue ouvert sur les enjeux structurels du luxe (croissance, désirabilité, durabilité, créativité…). Le départ de Wintour pourrait marquer le retour d’une parole plus libre dans l’écosystème.

3. Une créativité éditoriale à réinventer

Quand avez-vous été surpris par une couverture de Vogue ? L’uniformisation visuelle et narrative a fait perdre à certains titres leur rôle de défricheurs. À l’inverse, Harper’s Bazaar France réussit à conjuguer ambition esthétique et profondeur éditoriale, ouvrant une voie inspirante vers un luxe plus audacieux, plus intelligent.

4. Vers une presse plus inclusive et ouverte

L’avenir du luxe passe aussi par une parole plus diverse, plus représentative, moins enfermée dans l’entre-soi. Les lecteurs, comme les consommateurs, attendent des sujets de fond, de nouvelles perspectives, et un engagement sincère envers l’époque. Là encore, le départ d’Anna Wintour peut symboliser une transition vers une culture plus inclusive du luxe.

Conclusion

Kylian Mbappé a eu cette fameuse phrase: « Le football, il a changé ». Aujourd’hui, on peut espérer que le luxe, lui aussi, est prêt à changer.

 Le départ d’Anna Wintour ne signe pas seulement la fin d’une époque : il ouvre une opportunité. Celle de repenser la manière dont on parle du luxe — avec plus de recul, de diversité, et d’exigence critique.