Back to news
Next article
Previous article

L'Edito du weekend - "Luxe européen : aux origines de l'influence" Par Anne-Laure COLCY, Executive Vice President frog – Capgemini Invent

Publication

-

11.03.2025

Sorry, this content is not available in English

Journal du Luxe

LE RDV DES DÉCIDEURS DU LUXE

Display

Journal du Luxe

Le mot “influence” a été détourné.

Aujourd’hui, il résonne sous chaque post sponsorisé, se mesure en taux d’engagement, il est devenu synonyme de manipulation mercantile abritée par les réseaux sociaux. Mais avant de se perdre dans les pixels, l’influence était une force d’attraction, un souffle invisible, une responsabilité.

Et si, pour dessiner le futur du luxe européen, nous devions revenir aux origines de l’influence ?

L’influence : née de l’inspiration, guidée par la conscience

Étymologiquement, influence vient du latin influentia : le flux qui descend d’une source supérieure. Être influent, c’est être inspiré, puis agir avec conscience pour entrainer avec soi. Ce n’est pas manipuler, c’est éveiller. Ce n’est pas séduire, mais élever.

Le luxe européen, depuis ses origines, incarne cette forme d’influence : celle qui inspire sans jamais forcer, qui transforme sans jamais contraindre. Chaque création, chaque geste d’artisan, chaque innovation porte en elle une part de responsabilité : celle de la qualité, de la durabilité, du style, du sens.

Car le luxe, dans sa forme la plus noble, n’est pas une industrie : c’est une vision. Une vision culturelle, esthétique et éthique du monde. Et c’est cette vision qui, pendant des siècles, a fait rayonner l’Europe et sa civilisation.

Quand le luxe oublie sa responsabilité, il perd son influence

Certains acteurs du luxe vivent aujourd’hui une crise de repères. En plus d’être économique, cette crise est existentielle. À force de suivre le marché, ils ont oublié qu’ils étaient censés le guider. Leur communication réagit à l’actualité, leurs créations s’ajustent à la demande, leur singularité se dilue dans la vitesse, leur inspiration dans la financiarisation de leur modèle.

Mais l’influence du luxe n’a jamais été réactive. Elle a toujours été directrice. Les Maisons étaient puissantes et influençaient non par le volume, mais par la vision. Une vision où la beauté a du sens, où la rareté protège, où la création engage, où l’excellence règne.

Le luxe européen doit se rappeler qu’il ne vend pas seulement des objets : il porte et transmet une vision du monde. S’il oublie cette vocation, il perdra son influence… et il en va de sa survie.

L’influence originelle : un fluide des astres

Il existe une autre définition, oubliée, du mot influence. Au Moyen Âge, il désignait un fluide émanant des astres, agissant sur la destinée humaine. Une image poétique, mais étrangement juste. Car le luxe européen a toujours été cet astre.

Ses maisons sont des constellations, Paris, Milan, Genève, Londres, dont les lumières orientent les désirs du monde. Leur éclat ne réside pas seulement dans leurs vitrines, mais dans leur capacité à faire rêver, à inspirer, à orienter les imaginaires. Une boussole cosmique du désir.

Et c’est là tout l’enjeu : le luxe européen doit retrouver cette dimension quasi spirituelle avec la force d’une conscience collective.

Préserver un atelier de maroquinerie à Florence, une cristallerie en Lorraine, une horlogerie en Suisse, ce n’est pas seulement sauver un savoir-faire, c’est protéger une étoile du ciel économique européen. C’est maintenir ce fluide d’influence qui irrigue tout un continent, et diffuse sa culture à l’échelle de la planète, par la beauté, la précision, la création.

Reprendre notre place d’influenceur : basculer du prestige au Soft Power

Bâti sur le prestige, le luxe européen doit basculer vers une idée : le Soft Power.

Cette puissance douce qui ne s’impose pas par la force, mais par la fascination.

Cette idée n’est pas nouvelle mais doit être assumée. Depuis des siècles, le luxe européen est l’un des plus grands instruments de Soft Power du continent. Il a fait aimer la France avant qu’on la visite, rêver de l’Italie avant qu’on la découvre, admirer la Suisse avant qu’on la comprenne.

Mais ce Soft Power se diluera si nous ne le pensons pas collectivement.

Les acteurs du luxe européen — mode, beauté, joaillerie, horlogerie, automobile, hospitalité, services — doivent s’unir, non pour réagir aux crises, mais pour redéfinir une stratégie d’influence commune.

Une influence fondée sur la création, la responsabilité, et la conscience de notre rôle dans la destinée culturelle et économique de l’Europe. Car si l’Europe veut peser dans la conversation mondiale, elle pourra le faire par la valorisation de ses savoir-faire uniques, autant que par la force symbolique de son raffinement et la profondeur de son récit.

L’influence véritable n’est pas affaire de bruit, mais de clarté et donc d’organisation.

Elle ne se mesure pas en vues, mais en vision.

Elle n’est pas une simple arme commerciale mais une boussole culturelle.

Le luxe européen a la responsabilité d’incarner une autre temporalité dans un monde saturé, de démontrer que le beau peut être durable, que la création peut être engagée et que le désir peut cohabiter avec la conscience.

Vers une renaissance de l’influence, rendez-vous le 19 novembre…

Cette réflexion ne peut rester théorique.

Elle doit s’incarner, se confronter, se partager.

C’est pourquoi, le 19 novembre prochain à Paris, se tiendra le Symposium du Luxe, organisé par Le Journal du Luxe, en collaboration avec frog, The New York Times, Les Échos…

Un moment d’inspiration, d’échange et de rencontre avec les décideurs du luxe européen, pour repenser notre rôle d’influenceurs, au sens noble du terme.

 

The word “influence” has been hijacked.

Today it hides behind sponsored posts, is reduced to engagement metrics, and is often equated with commercial manipulation on social media. Yet before it was lost in pixels, influence was a force of attraction, an invisible breath, a form of responsibility.

What if, to shape the future of European luxury, we were to return to the original meaning of influence?

Influence: born of inspiration, guided by conscience

Etymologically, influence comes from the Latin influentia: the flow descending from a higher source. To be influential is to be inspired and then to act deliberately so others follow. It is not manipulation but awakening; not mere seduction but elevation.

From its origins, European luxury has embodied this form of influence: inspiring without coercion, transforming without constraint. Every creation, every artisan’s gesture, every innovation carries duties — to quality, durability, style and meaning.

In its noblest form, luxury is not merely an industry but a vision: a cultural, aesthetic and ethical outlook on the world. It is that vision that, across centuries, has made Europe and its civilization shine

When luxury forgets its responsibility, it loses its influence

Some luxury players today are experiencing a crisis of bearings. This crisis is more than economic; it is existential. By constantly following the market, they have forgotten that they were meant to lead it. Their communications are reactive to current affairs, their creations adjust to demand, their distinctiveness dissolves in speed, their inspiration in the financialization of their model.

But luxury’s influence has never been reactive. It has always been directive. The Maisons were powerful and influential not by volume, but by vision. A vision where beauty has meaning, where rarity protects, where creation commits, where excellence reigns.

European luxury must remember that it does not sell only objects: it carries and transmits a vision of the world. If it forgets this vocation, it will lose its influence… and its survival will be at stake.

Primal influence: a fluid from the stars

There is an older, now‑forgotten sense of the word “influence.” In the Middle Ages it described a fluid emanating from the stars, thought to shape human destiny — a poetic image, yet strikingly apt. European luxury has always played that stellar role.

European Maisons form constellations — Paris, Milan, Geneva, London whose lights guide the world’s desires. Their radiance is found not merely in shop windows but in their power to make people dream, to inspire, to shape imaginations: a cosmic compass of desire.

And here lies the challenge: European luxury must reclaim this near‑spiritual dimension with the strength of a shared, collective conscience.

Preserving a leather workshop in Florence, a crystal manufactory in Lorraine, a watchmaking atelier in Switzerland is not just saving a craft; it is protecting an economic star of Europe. It is maintaining that flow of influence that waters an entire continent and spreads its culture across the world through beauty, precision, and creation.

Reclaiming our role as influencers: shifting from prestige to Soft Power

Built on prestige, European luxury must shift toward an idea: Soft Power.

A gentle power that does not impose by force, but by fascination.

This idea is not new but must be embraced. For centuries, European luxury has been one of the continent’s greatest instruments of Soft Power. It made people love France before they visited it, dream of Italy before they discovered it, admire Switzerland before they experienced it.

But this Soft Power will dilute if we do not think it through collectively.

Actors of European luxury — fashion, beauty, jewelry, watchmaking, automotive, hospitality, services — must unite, not to react to crises, but to redefine a common strategy of influence.

An influence rooted in creation, responsibility, and the awareness of our role in Europe’s cultural and economic destiny. If Europe wants to shape global conversation, it must valorize its unique know‑how as well as the symbolic power of its refinement and the depth of its narrative.

True influence does not stem from noise, but from clarity — and therefore of organization.

It is not measured in views, but in vision.

It is not just a commercial weapon but a cultural compass.

European luxury has a duty to embody a distinct rhythm of time in an age of saturation, to demonstrate that beauty can be sustainable, that creation can be committed, and that desire can coexist with conscience.

Towards a revival of influence — join us on November 19…

This reflection cannot remain theoretical.

It must be embodied, confronted and shared.

That is why, on November 19 in Paris, the Luxury Symposium will take place, organized by Le Journal du Luxe in collaboration with frog, The New York Times, Les Échos…

A moment of inspiration, dialogue, and connection with European luxury decision‑makers, designed to reimagine our role as influencers in the truest sense.

Journal du Luxe

Comments0

Please log in to see or add a comment

Suggested Articles

Publication

L'upcycling créatif au service d'une stratégie durable, quand la beauty tech intègre les routines beauté, Loïc Prigent signe un documentaire inédit sur la Maison Balmain...  

profile photo of a member

Marion Hirsch

November 04

Publication

FRAME Awards | Prix Camera Clara | Jane Lombard Prize | Prix de Gravure | Planches Contact | ACC Prize | LOBA | PhMuseum Photobook | Han Nefkens Grant

profile photo of a member

Valentin Garachon

November 03

Publication

Exclusif !! Inscrivez-vous à la Paris Packaging Week les 5 et 6 février 2026 - Paris expo porte de Versailles

profile photo of a member

Marion Hirsch

November 03